Ouverture à la concurrence, hausse des tarifs : lors de la dernière session régionale, j’ai dénoncé une politique ferroviaire qui fragilise le service public, sans bénéfice pour les usagers. Il y a urgence à défendre un train régional accessible, maîtrisé publiquement, et vraiment utile à toutes et tous.
« Madame la Présidente, chers collègues,
L’ouverture à la concurrence du réseau ferroviaire régional soulève des questions majeures quant à l’avenir du service public en Pays de la Loire. Elle est en fait d’ores et déjà un échec. Elle coûte très cher pour en définitive un résultat qui est stupéfiant : la SNCF choix pour le premier lot. L’échec de la mise en concurrence de l’étoile Mancelle où le seul candidat était la SNCF, notre opérateur historique. Tout ça pour ça. Malgré une promesse initiale d’amélioration du service et de baisse des tarifs, cette situation confirme les craintes déjà exprimées par notre groupe : la fragmentation du réseau n’apporte aucune garantie sur la montée en charge effective de l’offre ou sur la qualité des services pour nos usagers.
Certes, la Région annonce une augmentation de l’offre : le premier contrat prévoit, selon la majorité, 26 % de trains supplémentaires d’ici fin 2026 et jusqu’à 33% en 2030. Mais ces chiffres sont à relativiser : ils reposent sur une hypothèse de croissance continue de la fréquentation et d’une optimisation des rotations, alors même que la qualité de service, notamment en heures creuses, la simplicité des correspondances ne sont pas garanties. Les retours du terrain indiquent que les attentes sur ces points sont loin d’être pleinement satisfaites, malgré les annonces de renforcement ponctuel de l’offre, notamment en Sud Loire.
En fait le processus de mise en concurrence crée des fragilités dans l’exploitation du réseau. Le morcellement progressif du réseau ferroviaire, engagé « étoile par étoile », complexifie la gestion, isole les agents et disperse les matériels. La relance de la procédure concernant l’étoile du Mans avec la Normandie en est une nouvelle illustration. Cette stratégie accroît les risques de surcoûts supportés par la collectivité, qui assume déjà l’essentiel des dépenses d’exploitation et d’investissement, notamment à travers la création de la SPL Grand Ouest Ferroviaire. Pour un service rendu ni plus attractif, ni plus lisible pour les usagers.
Au-delà de la question du développement de l’offre, c’est celle de la soutenabilité des investissements et de la gestion à long terme qui doit être posée. Les collectivités assument pratiquement seules le maintien des lignes secondaires – pourtant indispensables pour l’aménagement du territoire. La Cour des comptes elle-même alerte sur la fragilité budgétaire que représente ce modèle, où l’argent public vient compenser les déficits, sans garantie d’efficience ou de lisibilité pour les usagers.
Or, l’urgence climatique exige de soutenir des modes de transport décarbonés : le train reste le meilleur levier pour réduire nos émissions tout en garantissant une mobilité juste, accessible et de qualité. La priorité devrait aller à la consolidation du service public régional ferroviaire, à la maîtrise publique de l’outil de transport, et à la planification sur le long terme pour répondre efficacement aux défis de mobilité et d’environnement propres à notre région.
En conséquence, il est de notre responsabilité d’alerter contre une fuite en avant budgétaire, sociale et écologique : la création de la SPL ne doit pas servir à combler les déficits d’opérateurs privés, mais doit garantir l’intérêt public, assurer une exemplarité du service rendu aux usagers et une transparence financière ainsi que l’efficacité de notre politique régionale des mobilités.
Enfin, impossible d’évoquer les TER sans aborder la question cruciale du prix des billets. Il est de notre devoir de dénoncer sans relâche la réalité de votre politique tarifaire, dont les conséquences sont claires : des prix exorbitants, qui découragent les usagers et, pire encore, qui excluent une partie de la population. Vous aviez vous-même reconnu en juin dernier que le nombre d’usagers tendant à se tasser. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le nombre d’abonnements stagne, et pour cause. Prenez l’exemple d’un abonnement mensuel pour un actif de plus de 26 ans. Pour un Nantes-Oudon, il faut désormais débourser 75,10 €, contre 68,50 € en 2023.
Plutôt que d’utiliser le versement mobilité pour dégager des recettes supplémentaires et soulager les usagers, vous avez choisi de faire peser ces coûts sur leurs épaules. Cette situation est inacceptable. À force de tirer sur ce levier, il finira par se briser définitivement – et ce sont les citoyens qui en paieront le prix fort. «