
Depuis le début de l’année, au moins 174.300 poussins, poules et poulets, dindes, 6.284 porcelets, truies et porcs, 3.836 agneaux et brebis, 2.000 lapins, 432 veaux, vaches et taurillons et 202 chèvres ont péri dans des incendies d’élevage, soit plus de 187.000 animaux. D’ici la fin de l’année, le bilan atteindra ou dépassera les 200.000. A la dernière réunion du Conseil Supérieur de la Prévention des Risques Technologiques (14 octobre 2025), le représentant du syndicat majoritaire FNSEA a convenu que les élevages de plusieurs dizaines de milliers de volailles étaient « tenus » par deux ou trois personnes et que les bâtiments étaient souvent anciens.
De 2010 à 2015, les incendies d’élevage avaient fait 750.000 morts, soit en moyenne 150.000 par an selon les données analysées par Robin des Bois et publiées dans l’Atlas de la France Toxique en 2016 (Editions Arthaud).
Le bilan des incendies est donc en augmentation. La tendance est confirmée par les statistiques du BARPI (Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions industriels) dans son inventaire de 2024. Il y a plus d’accidents majeurs dans le secteur agriculture/élevage que dans le secteur chimique et pharmaceutique. Il s’agit pour l’essentiel d’incendies.
C’est de « l’animal crushing » (broyage des animaux) en direct. Les animaux meurent brûlés, asphyxiés, étouffés, achevés. Les cadavres sont souvent mélangés à de l’amiante provenant de la destruction des toitures. Ils sont alors refusés par les équarrisseurs et orientés dans l’urgence vers des décharges où ils sont en temps normal interdits.
Les causes matérielles sont multiples : défaillance des circuits électriques, des ventilations, des systèmes de chauffage, stockage de carburants ou de pneus dans les bâtiments mitoyens, fermentation des fientes et du fourrage, imprudence pendant les travaux de soudure… Les risques sont aggravés par la vétusté des bâtiments, par la pose sur les toitures de panneaux solaires, par le manque de moyens immédiatement disponibles de lutte anti-incendie et de ressource en eau d’extinction.
Le décret du 10 juin 2024 (1), la loi OSARGA du 24 mars 2025 (2) et la loi « Duplomb » visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, ont ouvert aux éleveurs la capacité d’échapper à leurs responsabilités pénales en cas de pollutions involontaires et à des contraintes d’information du public. Ils peuvent augmenter le nombre de leurs animaux tout en diminuant le nombre de leurs obligations envers la société. A titre d’exemple, un élevage de 45.000 poulets avant le décret du 10 juin 2024 était systématiquement soumis à une étude d’impact. Après le décret, un élevage de 80.000 poulets peut y échapper.
Toutes ces facilitations incitent à la massification des cheptels et de la consommation de désinfectants et d’antibiotiques. Les incendies sont de plus en plus cruels pour les animaux et toxiques pour les humains et les environnements.
(1) Décret du 10 juin 2024 portant diverses dispositions relatives à l’évaluation environnementale des projets.
(2) Loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture du 24 mars 2025.