De Reconquête à « Reconquitte », Marion Maréchal serait-elle insidieusement poussée vers la sortie ?

Après les multiples départs du parti Reconquête depuis la campagne de l’élection présidentielle, dont l’un des plus récents est Jean-Frédéric Poisson, président de VIA, parti rejoindre Florian Philippot et les requalifications régulières des militants passant de Pionniers à Fidèles afin d’éviter qu’ils puissent être correctement comptés, (on mélange, on mélange), l’approche des élections européennes le 9 juin dévoile quelques dissensions entre Eric Zemmour et Marion Maréchal. En effet, il serait dit çà et là, que rien ne va plus entre les « poids lourds » du parti.

Plusieurs signes extérieurs nous montrent que les relations internes se dégradent. Tout d’abord, comme lors de n’importe quelle élection en France, le temps de parole des candidats est compté à chaque passage dans les médias nationaux. Il va donc de soi que Marion Maréchal, figure de proue de la liste Reconquête, porte exclusivement la parole du parti, ainsi que ses colistiers. Mais c’est sans compter le staff de son président. Il semblerait qu’Eric Zemmour ne prenne pas le soin de prévenir sa vice-présidente pour aller sur les plateaux de télévision. Ce qui ressemblerait fort à des coups de poignards dans le dos, puisque le temps de parole s’en trouve obligatoirement diminué pour la candidate, alors que c’est une denrée précieuse.

Ils ne parlent pas d’une même voix. Dans le conflit ukrainien, quand l’un dit qu’il faut soutenir l’Ukraine, l’autre prône la fin rapide de la guerre. De plus, en ce qui concerne l’identification de l’adversaire dans ces élections, Eric Zemmour ne voit que Marine Le Pen alors que Marion Maréchal s’emploie à ménager la chèvre et le chou. Ceci n’est pas sans rappeler les erreurs commises lors de la campagne présidentielle, lorsque le couple Knafo/Zemmour fondait sur le RN, reflétant ainsi leur grand « non-désir » de vouloir créer l’Union des droites… Ici, Eric Zemmour, malgré sa défaite en 2022, réagit exactement de la même manière. Comprend-il que ce n’est pas ce qu’attendent ses électeurs ? Car il est pratiquement couru que bon nombre d’entre-eux vont choisir un Bardella plutôt que Maréchal.

Et justement ! Les querelles internes, ne mettront-elles pas encore une fois à mal, les résultats de l’élection à venir ? Car elles semblent bien refaire surface à la faveur du prochain scrutin. Qu’en est-il réellement de la volonté du parti d’Eric Zemmour de vouloir des élus ? Tous les doutes sont permis et toutes les hypothèses peuvent prendre forme. Celle d’une rivalité entre Marion Maréchal et Sarah Knafo pourrait en être une. Car cette dernière n’a jamais été très distinguée à l’égard des femmes qui ont côtoyé le parti. Une chose est certaine, Sarah Knafo et Marion Maréchal ne s’apprécient que…moyennement. Leurs intérêts divergent aussi totalement : l’une, après avoir agi auprès d’Henri Guaino en 2017, le faisant perdre de la même façon qu’Eric Zemmour en 2022, s’impose, malgré ses piètres résultats, en directrice de la stratégie, du développement et d’animation de Reconquête, les autres membres du bureau exécutif du parti n’ont pas de rôle si ce n’est être de simples vice-présidents, un genre d’armée mexicaine, ce qui n’est pas exclusivement propre à Reconquête. L’autre, piégée entre son école l’ISSEP et son appartenance à la famille Le Pen, se démène au milieu d’un parti qui fonctionne, de fait, en autocratie autour de son président. Aucune nuance n’y est donc possible. Le narratif doit et sera celui que le couple impose. Sarah Knafo, selon certaines informations, ferait partie des colistiers. Pourquoi alors s’emploierait-elle à savonner la planche à sa tête de liste ? Et bien peut-être parce qu’ils savent d’ores et déjà, qu’ils ont perdu. Les 5 % semblent difficiles à atteindre et la gabegie serait de ne pas entrevoir le seuil de remboursement des dépenses… Le nœud des problèmes de Reconquête serait donc ainsi, toujours le même.

Rappelons aussi que Marion Maréchal est la femme de Vincenzo Sofo, député européen italien,(serait-ce une entreprise familiale ?), affilié au parti de Georgia Meloni, et présent au parlement dans le groupe des Conservateurs et Réformistes Européens (ECR). Marion Maréchal a annoncé le 7 février dernier qu’elle rejoindrait ce groupe où siège d’ores et déjà, Nicolas Bay (élu à l’origine, par les électeurs du Rassemblement National). Mais les dissensions apparaissent déjà puisque le groupe ECR est pour l’adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne, ce que dénonce Marion Maréchal. Aura-t’elle la force d’imposer ses convictions si elle est isolée ? La soupe politicienne est dans la marmite !

Le 11 avril 2024, Marion Maréchal était de retour à Carnac. Le délégué départemental Reconquête pour le Morbihan et responsable du pôle économie au sein du parti Franck Chevrel, était bien présent à son passage dans la presqu’île guérandaise ce jeudi. Malgré ses déboires judiciaires, il lui est reproché des abus de biens sociaux, banqueroute, pratiques commerciales trompeuses, pour lesquels il sera jugé le 6 février 2025, il n’a pas été écarté des instances.

Marion Maréchal lors de son intervention restera-t’elle sur le mono-sujet d’Eric Zemmour, à savoir l’immigration ? Car, oui, le sujet est au coeur de la campagne et non, il ne peut pas en être fait une exclusivité. D’autres soucis taraudent aussi les citoyens et surtout celui du pouvoir d’achat. Le parti relie tout à l’immigration, l’électeur lui, relie tout à sa capacité personnelle à remplir son frigo.

Il est donc urgent, pour gagner la confiance des électeurs, de déterminer si l’Union Européenne participe à l’appauvrissement des peuples. Qu’en pense Marion Maréchal ? Que pense-t-elle du Frexit ? Quel est son avis sur une potentielle sortie de l’OTAN ? Aujourd’hui, les électeurs, pour beaucoup avisés, veulent des réponses sur ces sujets tellement cruciaux dans ces temps où les va-t-en-guerre se précipitent pour masquer leurs mensonges et leur corruption par l’hypothèse d’un déclenchement de conflit mondial… 

La campagne des Européennes 2024 devient donc une véritable campagne de Russie, invitée au cœur des débats. Fasse que le meeting de Carnac ait apporté des réponses aux inquiétudes légitimes des Bretons. En attendant, chaque candidat de Reconquête doit être bien conscient d’une chose. Un électeur, c’est comme une femme avec son coiffeur : volatile !