Au terme de tractations intenses et d’un suspense parlementaire révélateur de la fragilité du pouvoir, l’Assemblée nationale a adopté de justesse, ce vendredi, la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale. Un vote arraché au prix de concessions, notamment sur la très contestée hausse de la CSG sur les revenus du capital.
Le résultat illustre l’extrême tension qui traverse l’hémicycle : 166 voix pour, 140 contre. Une marge étroite qui permet au gouvernement de poursuivre l’examen du texte, en particulier sur la partie « dépenses », où se joue notamment la « suspension » de la réforme des retraites, enjeu central de la séquence politique.
Ce vote n’a été obtenu que grâce au soutien des députés Renaissance, MoDem, du Parti socialiste et de Liot. En face, l’alliance RN-UDR, La France insoumise et les écologistes ont voté contre, dénonçant un budget jugé injuste socialement. Les Républicains et Horizons, pourtant membres de la majorité, ont pour leur part massivement choisi l’abstention, symptôme supplémentaire d’un camp gouvernemental fracturé. À cela s’ajoutait une forte absence de députés lors du scrutin, accentuant encore le malaise démocratique.
Les débats reprennent cet après-midi sur les « dépenses », avant un vote final prévu mardi. Une échéance que l’exécutif aborde avec fébrilité. Une ministre reconnaît d’ailleurs que l’adoption globale du budget sera « extrêmement difficile » sans recourir au 49.3. Plusieurs responsables politiques poussent déjà à son activation, pariant sur l’absence de censure des socialistes, après leur accord sur la réforme des retraites.
Un scénario qui, une fois encore, poserait la question du respect du débat parlementaire et de la légitimité des choix budgétaires imposés au pays.
