La justice a tranché. Ce jeudi, le tribunal des affaires économiques de Nanterre a prononcé la liquidation judiciaire du groupe centenaire d’électroménager Brandt, symbole historique de l’industrie française. Le verdict était redouté depuis son placement en redressement judiciaire ; il laisse désormais derrière lui l’un des plus grands gâchis industriels de 2025.

Parce qu’il ne s’agit pas seulement de la disparition des marques Brandt, Vedette, Sauter et De Dietrich. Ce sont 700 salariés qui se retrouvent brutalement sans emploi, à quelques jours de Noël. Une violence sociale indigne, qui révolte jusque dans les rangs des élus.
« On ne comprend pas. Les soutiens étaient là, une mobilisation sans précédent avait été faite », déplore François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire.
Un projet de Scop brisé en plein vol
Quatre repreneurs s’étaient manifestés. Deux voulaient uniquement les marques — pas les usines, pas les salariés. Traduction : liquider l’outil industriel français et transférer la production ailleurs.
Les deux autres candidats envisageaient une reprise globale. Parmi eux, le groupe Revive, qui s’était orienté vers un projet de Scop dans la foulée de la date limite de dépôt de dossier. Une initiative inspirée du succès de Duralex, transformé en 2024 en coopérative avec les salariés comme associés. Autant dire que le modèle existait, concret, solide, local.
Mais ici, la belle mécanique a été stoppée net.
Les banques, grandes absentes du sauvetage
D’après une source proche du dossier, les banques n’ont apporté aucun financement réel, pas un euro d’« argent sonnant et trébuchant ». Une absence de soutien incompréhensible, d’autant que l’État et les collectivités avaient aligné 20 millions d’euros pour accompagner la reprise.
L’équation financière devenait alors impossible. Et avec elle, les espoirs des salariés.
« C’est une décision très choquante. On a tout fait, mais ça n’a pas marché… On est tous sous le choc. Les fêtes de Noël seront tristes », regrette Célia Pinto, déléguée syndicale CGT.
La fin d’un fleuron français
Les deux principales usines du groupe se trouvent dans le Loiret, près d’Orléans et à Vendôme (Loir-et-Cher). Un centre de service après-vente est implanté à Saint-Ouen-l’Aumône, dans le Val-d’Oise. Le siège social est basé à Rueil-Malmaison.
Propriété depuis 2014 du groupe algérien Cevital, Brandt réalisait encore 260 millions d’euros de chiffre d’affaires. Une entreprise qui avait les moyens de survivre, mais pas sans vision stratégique, pas sans investissement, pas sans volonté collective.
Ce qui tombe aujourd’hui, ce n’est pas seulement une marque.
C’est un savoir-faire, un outil industriel, une histoire sociale.
Et pour 700 familles, c’est une vie entière qui bascule.
La réaction des députés Insoumis à k’Assemblée Nationale
« Brandt liquidée : le pouvoir macroniste ne fait rien et désindustrialise à grande vitesse. Les gouvernements successifs sont également responsables de ce désastre industriel.
Pourquoi l’État n’était-il prêt qu’à débloquer 5 millions d’euros pour sauver Brandt et la récupérer à des actionnaires cupides, alors qu’il verse des centaines de milliards d’aides publiques chaque année sans contrepartie, à des groupes qui finissent par délocaliser ou fermer les usines ?
Brandt est un groupe centenaire d’électroménager. Sa liquidation fait craindre le pire pour ce qu’il reste de la production d’électroménager en France, menacée face à la concurrence étrangère à bas coût.
La France est désindustrialisée à grande vitesse et il est urgent que l’Etat agisse: priorité à la production française dans la commande publique, plan d’investissements massifs planifiés et conditionnés, obligation de contenu local dans la production des biens intermédiaires… Au pouvoir, La France insoumise se battra pour la souveraineté industrielle ! »