“Bien sûr, on peut sauter comme un cabri sur sa chaise en criant “l’Europe, l’Europe, l’Europe”, mais ça n’aboutit à rien (…).
Il n’est de politique qui vaille que celle qui est fondée sur de réalités…
Charles de Gaulle
Manifestement, Emmanuel Macron, obnubilé par un fédéralisme dont il ne prononce d’ailleurs pas le nom, n’a pas plus intégré les leçons du fondateur de la V° République que la non-insularité de la Guyane !
Dans l’Europe « macronienne » la France n’existe plus. Elle est d’ores et déjà remplacée par l’Europe dans laquelle elle se trouve « incorporée comme les marrons dans la purée » (dixit de Gaulle)
Et ce mot d’Europe revient constamment dans ce discours technocratique. Par contre, aucune référence quant aux peuples européens. Ils ont purement et simplement été gommés, comme si, par magie, un unique peuple européen né de son imagination était apparu.
Il est frappant de voir que l’Europe, que l’on voulait bâtir sur les valeurs de la démocratie et la paix, se transforme aujourd’hui en une sorte d’État totalitaire dans lequel des personnalités non-élues donc non soumises à la souveraineté populaire, décideront seuls de notre façon de vivre.
Il est étonnant également de constater que le terme de « fédéralisme » est soigneusement évité.
Dans tout son discours, qui ne porte en réalité que sur la mise en place de ce fédéralisme dont les peuples ne veulent pas, il n’annonce jamais clairement le but réel afin de jouer sur une sorte de quiproquo permanent.
Cela n’empêche nullement Emmanuel Macron de vouloir porter l’étendard de la démocratie libérale alors même qu’il prône la disparition des souverainetés populaires en supprimant les nations.
Ce vibrant plaidoyer sur la nécessité absolue de mettre en place un Etat supranational dont les frontières (qui doivent selon lui être défendues à tout prix) n’ont jamais été réellement définies, repose entièrement sur un problème supposé résolu alors qu’il se pose avec de plus en plus d’acuité.
Ce problème est justement l’ABSENCE d’un PEUPLE européen !
En écoutant le président Macron, il me revenait en mémoire la déclaration de de Gaulle sur l’Europe des « bonds de cabri » dans laquelle il disait « il n’y a pas de politique qui vaille si elle n’est ancrée sur des réalités »
Or, la réalité est qu’il n’existe aucune base sur lequel ce discours pourrait trouver son fondement et qui ressemble plus à un catalogue de vœux pieux qu’à un plan réfléchi basé sur des faits établis.
Ce programme, qui représente des investissements colossaux qui propulserait l’Europe fédéralisée à une hauteur à laquelle elle pourrait rivaliser avec les autres puissances mondiales est impossible à financer et cette idée d’un vaste emprunt européen ne fera qu’endetter davantage des pays européens déjà asphyxiés par un endettement abyssal.
Car Emmanuel Macron n’a parlé que du futur de l’Europe, mais pas du présent encore moins du passé. Or le passé est là. La construction européenne est avant tout une volonté américaine et s’ils avaient voulu qu’un jour naisse une « Europe-puissance », il est évident qu’ils s’y seraient pris autrement.
Les États-Unis, et Georges Friedman, patron du Stratfor l’a très clairement dit en 2014, ont pour unique politique européenne de maintenir une « cloison étanche » entre l’Ouest et l’Est de l’Europe.
Cette idée date en réalité de la doctrine de MacKinder et s’inscrit dans le plan de domination mondiale mis en place au départ par l’Angleterre et poursuivi par eux.
Cette Europe-puissance ne peut se faire qu’avec les nations européennes. Là encore, écoutons de Gaulle : « Les seules réalités internationales, ce sont les nations ». En réalité, Emmanuel Macron voudrait à lui tout-seul recréer une sorte d’empire européen, ce qui, vous en conviendrez, appartient plus à une vision du passé qu’elle ne préfigure l’avenir.
Le redressement industriel tient une place importante dans le discours du président. C’est oublier un peu vite que la désindustrialisation, et particulièrement en France, est avant tout l’œuvre de ceux qui voulaient une Europe plus intégrée, et ceci jusqu’à très récemment.
La base de la réindustrialisation réside dans l’énergie, qui doit être abondante et bon marché.
La meilleure de ce point de vue était incontestablement l’énergie nucléaire, dont la France avait fait le choix. Pourquoi alors avoir fermé Fessenheim en 2021 alors que tous les travaux nécessaires à la prolongation de son activité avaient été réalisés et payés ?
Bien sûr que nous avons un manque crucial d’hydrocarbures qu’on préfère appeler « carburants fossiles », mais qui constituent néanmoins la première source d’énergie mondiale. Pourquoi avoir interdit toute prospection sur notre territoire ? Et cela ne semble gêner personne aujourd’hui si nous sommes obligés de nous procurer des combustibles tirés des gisements de schistes, notamment américains.
Le recours « massif » à l’énergie verte peut se faire, mais à quel coût ?
Enfin, Emmanuel Macron fait peu de cas de la seule vision possible d’une « Europe des Nations » qui coopéreraient ensemble sur des projets industriels comme cela se fait depuis plus de soixante ans.
De ce point de vue, pourquoi exclure a priori tout rapprochement avec la Russie ?
L’idée de de Gaulle d’une « Europe de l’Atlantique à l’Oural » reposait sur deux réalités : Premièrement, la Russie est européenne, et deuxième point, elle dispose en quantité importante de ce dont nous avons besoin.
Le moment n’est-il pas venu de dire à nos amis américains que la conception de Mackinder appartient au passé et que les nations européennes veulent reprendre leur destin en main ?
Faut-il à tout prix un gouvernement de « technocrates » pour entreprendre de telles réalisations ?
On peut penser que des industriels avisés et surtout réalistes seraient quand même une meilleure garantie pour entreprendre de tels projets.
Enfin, ce quasi chantage à la disparition de l’Europe est déplacé. Europe fédérale ou pas d’Europe du tout laisse entendre le peu de cas qu’Emmanuel Macron fait des peuples européens qui sont tous attachés à la vraie démocratie, celle par laquelle ils ont pu constituer leurs nations, auxquelles ils ne semblent guère prêts à renoncer.
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