Sites & Monuments dénonce le projet de Programmation pluriannuelle de l’énergie n°3 (PPE 3), régissant la production d’énergie entre 2025 et 2035, et appelle à sa modification. Ce document, passablement technocratique, dont la consultation publique s’est achevée le 5 avril dernier, ignore les inquiétudes exprimées lors d’une première concertation organisée en décembre 2024. Il prépare, en seulement dix ans, la transformation de nos territoires ruraux en zones semi-industrielles.

La stratégie retenue privilégie une course effrénée aux énergies renouvelables terrestres et maritimes intermittentes, au mépris du patrimoine paysager, environnemental et bâti, comme de la vie dans les territoires ruraux. Alors que la PPE 3 prévoit un développement très modeste du parc nucléaire – pourtant pilotable, décarboné et nécessitant un nombre très limité de sites (18 aujourd’hui) –, elle planifie :

le doublement de la production éolienne terrestre, impliquant 3 000 à 5 000 mâts supplémentaires sur les 9 000 existant actuellement et un « repowering » massif, avec des machines dépassant aujourd’hui les 240 m de hauteur (équivalent d’une tour Montparnasse surélevée de 10 étages) ;

  • une multiplication par 37 de la production éolienne en mer (deux parcs sont actuellement en fonctionnement), avec une installation massive d’éoliennes à faible distance de nos côtes patrimoniales ;
  • une multiplication par 4,8 de la surface installée de panneaux photovoltaïques, entraînant une artificialisation accrue des terres agricoles et une altération des toitures dans les centres anciens ;
  • le développement sans précédent des méthaniseurs, usines d’électrolyse, stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) et du réseau électrique aérien de raccordement, formant une trame industrielle continue à travers les campagnes françaises.

Sous couvert de « transition », la PPE 3 ignore les alertes pourtant claires de la société civile sur le saccage paysager, l’appauvrissement de la biodiversité et la perte d’attractivité des territoires ruraux, en décourageant notamment le tourisme. Le ministère de l’industrie et de l’énergie s’abrite derrière des évaluations environnementales biaisées, concluant à un impact « neutre » sur le patrimoine naturel et bâti pour des dispositifs aussi intrusifs que les éoliennes, les centrales photovoltaïques ou les STEP.

Plus grave encore : la baisse de la consommation énergétique prévue par la PPE 3 – dont le fer de lance est la rénovation thermique – est présentée comme « positive » pour le patrimoine, alors même qu’elle conduit, via les aides publiques, à la destruction silencieuse du bâti ancien (isolation thermique par l’extérieur, disparition des menuiseries anciennes au profit du PVC, « placoplatrisation » des décors intérieurs).

La conclusion officielle de la PPE 3 sur son impact patrimonial et paysager : « Il est difficile de définir une tendance claire ». Nous affirmons, au contraire, qu’elle est limpide : la France prépare l’industrialisation massive de ses campagnes au détriment de leur histoire, de leur beauté et de leur équilibre.

Sites & Monuments appelle les citoyens, les élus, les professionnels du patrimoine et de l’environnement à se mobiliser. Ce projet, s’il venait à être entériné par décret, marquerait une rupture profonde et irréversible dans la relation des Français à leurs paysages, leur ruralité et leur identité.

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