Ursula von der Leyen a annoncé aux États membres de l’Union européenne le report de la signature de l’accord de libre-échange UE–Mercosur à janvier 2026, dans un contexte de mobilisation agricole massive à travers l’Europe. Un report présenté comme un recul, mais qui ressemble surtout à une manœuvre tactique pour laisser retomber la pression.

La présidente de la Commission européenne souhaitait initialement signer cet accord samedi 20 décembre, lors du sommet du Mercosur à Foz do Iguaçu, au Brésil. Face aux résistances, elle a finalement informé les dirigeants des 27, réunis en sommet européen, d’un report à janvier.
Emmanuel Macron a répété que « le compte n’y est pas » pour signer l’accord en l’état, demandant que le texte « change de nature » et offre davantage de garanties aux agriculteurs.
Mais quelles garanties ? Et pour combien de temps ?
Car dans le même temps, le président français n’exclut pas d’accepter l’accord dès janvier, tandis que Bruxelles vise désormais une signature autour du 12 janvier.
Côté allemand, le ton est nettement plus clair. « Le chancelier Friedrich Merz est très satisfait, car on ne se demande plus si l’accord sera signé, mais quand », s’est félicité Sebastian Hille, porte-parole adjoint du gouvernement allemand. Tout est dit.
Macron en opération temporisation
Les faits sont là : Emmanuel Macron cherche avant tout à gagner du temps pour tenter de calmer la colère agricole. Pieds et poings liés à la Commission européenne, il ne s’opposera pas frontalement à un projet d’accord vieux de 25 ans, symbole d’un libre-échange destructeur pour l’agriculture paysanne, l’environnement et la souveraineté alimentaire.
Ce vendredi matin, le gouvernement reçoit les syndicats agricoles pour tenter de désamorcer une colère multiforme, alimentée par :
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la gestion calamiteuse de la crise sanitaire de la dermatose bovine,
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l’accord UE–Mercosur,
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et la baisse annoncée du budget européen de l’agriculture.
Les syndicats ne désarment pas après avoir rencontré le Premier ministre
La Confédération paysanne déplore l’absence totale « d’avancées pertinentes » à l’issue de sa rencontre avec Sébastien Lecornu.
« On ne peut pas lever les blocages », a déclaré son porte-parole, rappelant que la décision « viendra du terrain ».
De son côté, la Coordination rurale affirme qu’elle “ne lâchera pas”, même si elle dit souhaiter une sortie de crise. Dans le sud-ouest le syndicat annonce vouloir se reposer « pour repartir plus fort en janvier ».
Une colère intacte, un accord toujours en ligne de mire
Le report de la signature n’est en rien une victoire. Il s’agit d’un simple ajournement, destiné à passer le cap des fêtes et à désamorcer temporairement la mobilisation.
Mais sur le fond, rien n’a changé : la Commission européenne poursuit son agenda libre-échangiste, et les gouvernements nationaux, à commencer par celui d’Emmanuel Macron, accompagnent ce mouvement tout en feignant l’écoute.
Pour les agriculteurs, le message est clair : si le Mercosur n’est pas enterré, la mobilisation continuera. Et en janvier, la colère pourrait bien repartir de plus belle.