Sommes- nous si démunis pour prévenir la violence, protéger et «  réparer » la souffrance des victimes ?

 Non seulement l’école ne peut rien faire seule. Mais l’école ne DOIT rien faire seule dans ce domaine de la prévention et de la protection des victimes.

La mission de l’école est d’instruire.              

A l’instar de l’école d’autres acteurs : les parents, les pompiers, les policiers, les soignants, les éducateurs, les chauffeurs de bus, les gestionnaires d’immeubles, les Maires, les Directeurs     d’établissements scolaires, les Juges des Enfants , les avocats, la Fédération d’associations d’aide aux victimes, les associations socio-éducatives, ne doivent pas agir seuls non plus ni se sentir abandonnés face à une menace. Personne n’est payé assez cher pour mourir ou souffrir d’une atteinte à son intégrité.

Nous devons faire équipe.

Se réunir pour défiler suite à une tragédie ou une démission, est un acte solidaire louable.

Mais il est primordial de demeurer rassemblés en amont, de coopérer en permanence pour prévenir la menace, la blessure, la mort.

L’Etat quant à lui, ne doit pas se limiter à se travestir en sauveur à l’autoritarisme martial ( Je fais place nette, je ne lâche rien, je réarme … c’est vaillant mais est-ce efficace ?). la démonstration de la force sur une situation de crise, rend visible une réaction qui se veut rassurante, c’est bien, mais cela ne règle pas un problème sur le fond. L’Etat doit conserver son énergie, son intelligence pour accomplir son vrai job : attribuer des moyens humains et financiers aux dispositifs déjà existants   dans le cadre des lois relatives à la sûreté, la prévention, l’éducation, la citoyenneté et le laïcité.

Il existe de nombreuses lois qui sont à l’origine de structures qui ont pour mission de prévenir, accompagner, protéger, conseiller et éduquer. Afin que ces structures de l’Etat, des collectivités territoriales ou de l’associatif, puissent accomplir pleinement leurs missions au service de la totalité de la population et mener des actions de sensibilisation auprès du grand public pour faire évoluer la concrétisation des droits des victimes, il faut accorder les moyens nécessaires. Miser sur cette politique de prévention et d’accompagnement c’est faire le choix d’économie en procédures judiciaires, en frais médicaux, en places de prison, en force de police…

D’ailleurs, pour ma part, le premier droit des victimes c’est la prévention des risques par l’anticipation des facteurs de danger (y compris humains).

Cela peut passer par une investigation Educative pluridisciplinaire auprès de jeunes qui inquiètent, afin d’évaluer la nécessité d’une aide éducative ou thérapeutique.

Dans l’idéal, cette investigation devrait aussi être ordonnée pour tout adulte qui inquiète par son comportement qui peut laisser supposer ou craindre des passages à l’acte dangereux pour lui, le public et les institutions. On pourrait créer cette mesure : Mesure d’investigation et d’orientation sociale et sanitaire. (Mios).

En ce qui concerne la Jeunesse, la présence d’éducateurs spécialisés aux côtés des enseignants dans les établissements scolaires vient illustrer simplement mon propos. Cette situation existe déjà sur le dispositif des classes-relais. Ce binôme enseignant-éducateur fonctionnant efficacement, il serait judicieux de l’étendre.

Les parlementaires font des lois, mais ils doivent aussi s’affirmer dans leur mission de gardien de l’application et de la mise en œuvre des lois promulguées.

Les victimes, elles, méritent d’être toutes traitées de manière égale.                                                   Or, aujourd’hui, il existe une véritable « fracture sociale » sur ce sujet. Certaines victimes, à la discrétion du politique, ont le droit aux halos des projecteurs, aux micros tendus, aux caméras voyeuses, voir même à une audition devant le Sénat.

Alors que d’autres sont totalement privées d’écoute et d’orientation parce que leur « dossier » (leur souffrance, parfois la souffrance de toute une famille par ricochet) est stocké dans le bas de l’armoire des affaires différées faute de moyens humains dans une association de la Fédération France Victimes.

Alors que d’autres, sans domicile fixe et migrants, sont entassés dans des bus, comme des déchets, que l’on déversera dans des villes de Province « en dépôt sauvage » pour faire un Paris propre aux JO.

Sans projet d’accueil préalable, sans consentement, les accueillis et les accueillants sont les uns et les autres victimes d’un manque de respect et d’une grande malveillance de la part de l’autorité. Cette situation, d’ailleurs, est elle-même génératrice de conflits.

Dans tout cela, qui fait preuve d’ensauvagement, de dé-civilisation, de barbarie ?

En privant des structures de moyens humains, financiers, en disqualifiant les formations, on est en train de détruire toutes les ressources, sociales, médico-sociales, judiciaires et éducatives afin de légitimer l’engraissement d’un Capitalisme Solidaire et d’une Industrie du Social qui répond aux SOS de la misère humaine sous toutes ses formes avec la validation du pouvoir. Stupéfiant.

Le système est pervers : on menace une structure de fermeture au motif qu’elle n’a pas rempli sa mission, alors, qu’en même temps, on l’a privée des moyens d’atteindre ses objectifs.

De manière non exhaustive et sans classement, je cite les différentes ressources pour prévenir et aider : La Protection Judiciaire de la Jeunesse ( et ses expositions 13-18 Questions de Justice et 9-13 moi jeune citoyen), la Maison des Adolescents, Bureau d’aide aux victimes, l’Aide Sociale à l’Enfance, Point d’accès au Droit, Permanence Educative auprès du Tribunal, la Ligue de l’enseignement, Cité OK, Cellule de Prévention sociale Municipale, cellule de Tranquillité Publique, Fédération France-victimes, Institut Français de Justice Restaurative, Association de Recherche Appliquée en Criminologie, Dispositifs municipaux d’accueil pour les jeunes, Centre d’information aux droits des femmes et des familles …

Dans le cadre du droit du Maire à un rappel à l’ordre à l’encontre des auteurs de faits susceptibles de porter atteinte au bon ordre, à la sûreté, à la sécurité, à la salubrité ( loi du 5 mars 2007) le premier magistrat de la commune ( pas seul mais accompagné et soutenu par les acteurs cités ci-dessus, ) devrait affirmer plus fermement son rôle de « chef de chantier démocratique » et exiger auprès de l’Etat les moyens nécessaires , afin que la loi soit appliquée de la même manière pour toutes les victimes résidant en France . Cela pour que nous puissions vivre en paix et prendre soin les uns des autres.

Aussi brillants, érudits et respectables soient-ils, ce ne sont pas les Ministres de l’Intérieur, de l’Education Nationale et de la Justice qui vont prévenir et réparer des dommages que pourraient subir un professionnel, un élu ou un simple citoyen de notre territoire.

Michèle Adam ( Auteure du livre » Enfants en justice » Librinova). Le 6 avril 2024.

 

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Cet article a 2 commentaires

  1. Karine

    Je ne savais pas qu’il existait tout « cet arsenal » ,mot choisi en réplique du gouvernement qui préconise « réarmement scolaire et civile ».

    Je pensais qu’il n’y avait rien.

    Cela me rassure et m’inquiète en même temps. Cela m’inquiète parce que je ne comprends pas pourquoi on n’utilise pas ces outils là pour désamorcer des conflits et éviter des drames ?Car les conflits ne pas démarrent pas au moment des bagarres. Ils commencent bien avant, dans différents lieux privés mais aussi publics et devant des témoins. La malheureuse victime a d’ailleurs été peut-être au départ auteur d’insultes ou d’injures, ou d’insistances sexuelles déplacées. Quand je dis témoins je parle de la famille mais aussi de professionnels : éducateurs, animateurs , professionnels de santé, collège…pourquoi personne n’est intervenu pour apaiser ce conflit ? peur d’un coup de couteau en se mêlant des affaires des autres ?

    Lorsque les agresseurs sortiront de prison ils pourraient être à leur tour victimes de violences ou d’agression ou d’assassinat ?On entre dans un système auteur-victime, victime auteur, chacun son tour , sauf qu’aujourd’hui il y a un des acteurs qui est mort. J’ai vu un film qui s’intitulait « je reverrai toujours vos visages », il évoquait le lien rétabli par la Justice Restaurative entre auteurs et victimes. Quel travail va être fait en prison avec les criminels sur leur responsabilité et culpabilité ? Et la petite ? pourquoi n’a-t-elle pas eu une peine d’un mois en prison pour comprendre qu’un enfant de presque sonâge est mort suite à des embrouilles auxquelles elle a contribué ? Cela aurait facilité ensuite le travail des éducateurs du centre de placement pour la faire réfléchir sur l’acte.

    Et cela me fait penser à une chose : le petit jeune homme de Viry, ses funérailles auront lieu demain au cimetière de Morsang après une cérémonie à la Mosquée. Qui est allé vers les auteurs : jeune incarcérés, jeune fille placée et leurs familles pour savoir s’ils souhaitaient faire un geste à cette occasion solennelle ? j’aimerais le savoir ?

    Qui a demandé à la famille du jeune défunt s’ils acceptaient au moins une fleur des bourreaux ? Qui a demandé aux auteurs s’ils voulaient faire un geste ? Qui va permettre à la famille du jeune mort de pouvoir exprimer sa souffrance à la famille criminelle ? Qui va permettre à ces deux familles, ensemble, de crier à la France entière « plus jamais ça ».

    Avec l’argent perdu sur les deux jours d’émeute de l’affaire Maël, les indemnisations des policiers blessés, en pourrait s’en offrir des séances de justice Restaurative et de médiation. Mais, peut-être que certains ne veulent pas de la paix sociale car ils tirent profit du « bordel » de bouc émissaires qui font diversion . Peut-être ? je dis peut-être.

  2. Marie

    Le premier ministre promet <> envers la violence des jeunes:
    Lesquelles? La prison? Le Ministre de la justice interroge l’excuse de minorité.
    Il serait bien que ces messieurs, comprennent que les jeunes se moquent d’aller en prison, celà ne durera qu’un temps…. Ils en ressortiront et après? Ils n’hésiteront pas à y mettre le bazar. Ils seront soutenus par les majeurs.
    Familles d’auteurs et familles de victimes se seront pas adversaires longtemps. Ils se connaissent bien. Leurs histoires ce sont des histoires de famille et de communauté. Ils pourraient s’unir et former un seul front contre l’institutionnel.
    Il serait temps messieurs de s’intéresser vraiment à ce sujet et de mettre en branle vos ressources créatives. Vous devez penser autrement que rapport de force, justice Etat et jeunes.
    <>
    Ceci n’est qu’une information systémique et experte.

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