Le député redoute la possibilité d’une fermeture totale des sites consacrés à l’éolien en mer situés à Saint-Herblain et Montoir-de-Bretagne, dans le département de la Loire-Atlantique. Il préconise également l’élaboration rapide d’un plan de relance par un industriel européen afin de prévenir le risque d’implantation d’une usine chinoise.

« Avenir des sites éolien en mer et GE Vernova : les Pays de la Loire doivent se réveiller.

Député européen je lance aujourd’hui un appel à toutes les forces vives de l’industrie régionale pour préserver le leadership industriel des Pays de la Loire dans les énergies marines renouvelables et sauver les sites de GE Vernova à Saint-Herblain et Montoir-de-Bretagne.

En 2023 les Pays de la Loire étaient la région leader pour les énergies marines renouvelables avec 2498 emplois soit 30% des effectifs de la filière française. Plusieurs centaines d’emplois ont été depuis perdus au sein de GE Vernova qui représentait près de la moitié des emplois régionaux, qui a licencié ses travailleurs intérimaires et réduit ses effectifs au fil de l’eau tout en mettant en œuvre en ce moment-même un plan social massif.

Depuis des mois GE Vernova refuse d’admettre avoir l’intention de fermer ses deux sites en 2027. Les faits sont pourtant sans équivoque. GE ne cherche plus à prendre des contrats en Europe et le bureau d’étude va atteindre après le plan social un niveau sous-critique lui rendant difficile de mener à l’avenir les développements pour l’équipement d’un nouveau parc. Le carnet de commande de l’usine est vide et l’usine sera sans activité après 2027. Les dirigeants américains de GE connaissent mal le marché de l’offshore, ne développent pas de machine concurrentielle, et donnent tous les signes d’un acteur voulant abandonner l’Europe et se replier sur le marché domestique américain.

Je ne nie pas les difficultés du marché européen et français : les appels d’offre sont retardés en France faute de volonté politique avec à la clé un trou d’activité de plusieurs années pour l’équipement des parcs et les industriels fournisseurs. Les tarifs auxquels les parcs sont attribués en Europe sont trop bas pour rémunérer correctement des industriels européens. Mais pour faire face à la croissance exponentielle programmée de ce marché dans le cadre de notre transition énergétique nous avons besoin des capacités de production des sites de GE et s’ils disparaissent ils seront remplacés en Europe par des usines chinoises ce qui mettra une fois de plus en danger notre souveraineté énergétique. Je refuse d’envisager cette perspective.

Je dénonce aujourd’hui l’opacité de GE Vernova qui refuse de dévoiler ses intentions et organise sans l’assumer la fermeture par étape de ses sites éolien en mer français en sacrifiant ses salariés et leurs précieuses compétences. En nous baladant ainsi GE nous empêche de penser activement l’avenir de ses sites et fragilise l’activité future du port. Cela n’est pas acceptable, il est temps de réagir.

Je m’étonne du silence et de la passivité de l’État et des acteurs locaux, en premier lieu de la région des Pays de la Loire, pourtant cheffe de file pour le développement économique et la transition énergétique. Je m’étonne aussi du silence des acteurs clés de la filière qui, mis à part les PME de Néopolia, semblent accepter ce qui leur parait probablement inéluctable.

Je comprends qu’il leur est difficile d’interagir avec des décideurs situés à Boston mais entériner la disparition de ces sites signifierait accepter la perte de plus de 1200 emplois en quelques années, entériner la fin du leadership ligérien sur les EMR françaises, et prendre le risque de déstabiliser tout notre écosystème industriel, dont le pôle de compétitivité EMC2 et le centre de recherche technologique « IRT Jules Verne ».

J’en appelle à une prise de conscience collective et à un réveil des acteurs locaux qui doivent retrouver le sens de la mobilisation « en meute », comme ils le faisaient ensemble depuis au moins 15 ans, pour gagner le combat du développement industriel de notre région.

Je leur suggère d’envisager sans délais trois actions concrètes.

D’abord œuvrer à garder les compétences industrielles en production et innovation dans la région et l’ouest de la France, en mobilisant les employeurs potentiels et en gardant le contact avec les actuels et anciens salariés de GE Vernova pour pouvoir demain leur proposer de se remobiliser sur un nouveau projet industriel.

Les acteurs locaux doivent simultanément et sans délais interpeler la direction générale de GE Vernova en leur posant trois questions simples : Nous sommes convaincus que vous fermerez les deux sites de développement et de production en 2027 ou 2028, êtes-vous en mesure de nous donner des garanties du contraire ? La folie de Donald Trump qui annule les projets éoliens en mer en cours d’instruction aux USA et dit vouloir arrêter cette filière vous amène-t-elle à revoir votre stratégie et à réinvestir en Europe ? Si oui comment pouvons-nous vous y aider ? L’absence de réponse à ces questions trancherait le débat. Mais pour obtenir des réponses il faut se mobiliser au plus haut niveau et faire le déplacement de Boston avec ministres et présidentes et présidents des collectivités locales.

Sans attendre les résultats de ces démarches, et y compris pour faire pression sur les dirigeants américains, je demande le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt pour la reprise des deux sites.

La priorité doit aller à accueillir un autre producteur européen de tête d’éoliennes maritimes (nacelles) puisque notre marché à venir à besoin de ces capacités de production. Il n’y a que deux candidats possibles : Siemens et Vestas, qui peuvent nouer des partenariats locaux et européens. Les acteurs locaux doivent les contacter et les rencontrer au plus tôt. Bien entendu pour les convaincre il faudra leur apporter des garanties nationales et européennes de soutien et de perspective crédibles de marchés. S’il n’est pas possible de les attirer, alors il faudra se tourner vers d’autres industriels intéressés par l’usine et porteurs d’un projet apportant une complémentarité et une valeur ajoutée au tissu industriel de Nantes – Saint-Nazaire.

En tout état de cause je demande aux acteurs locaux et nationaux de s’engager dès maintenant à refuser l’arrivée sur le port de Nantes – Saint- Nazaire d’un acteur chinois comme le fabricant d’éoliennes MingYang.

Tout le monde parle aujourd’hui à longueur de temps de réindustrialisation et de souveraineté énergétique. Laisser disparaitre ou laisser reprendre par des chinois les sites ligériens de GE Vernova serait la démonstration d’une impuissance, voire d’une hypocrisie, voire d’un mensonge politique aux effets délétères sur l’opinion publique.

Parlementaire européen, je peux interpeller, m’inscrire dans un collectif, mobiliser les indispensables soutiens nationaux et communautaires. Mais il revient à un grand acteur local de « prendre la main », de fédérer le collectif ligérien et de lancer les démarches que je suggère. J’espère que mon appel ne restera pas sans réponse. Il en va de l’avenir de notre industrie et de notre indépendance, il en va aussi de l’image et de l’honneur de notre région qui jusqu’à présent n’a jamais omis de relever collectivement un grand défi industriel ; cette force du collectif a fait sa réussite et son attractivité, démontrons ensemble qu’il en est toujours de même, soyons au rendez-vous ! »

 

Cet article a 2 commentaires

  1. Mr C. Clergeau a toujours été un soutien indéfectible aux éoliennes : je l’avais déjà affronté lors d’une émission télévisée dans les locaux d’Alstom, à l’époque sur le site du port de St Nazaire, il y a 13 ans… Ce soutien aux énergies renouvelables intermittentes en France a été et est une erreur politique, qui a conduit au déficit énergétique de 2022-2023, heureusement largement résolu dès 2024. Ce député européen, politicien de Loire-Atlantique, montre ici son absence de hauteur de vue, et qu’il est plus sensible à l’intérêt local qu’à l’intérêt général : pour utiliser les compétences des acteurs locaux, il vaudrait mieux les orienter vers l’industrie de la chaleur renouvelable ( pompe à chaleur, réseaux de chaleur…) et des bio-carburants (un développement encadré par l’Etat) qui ont plus d’avenir que les énergies marines…

    Parce que vertigineusement variable, l’éolien en mer est une des composantes qui fait partie du « mix perturbant » rappelé le 15 janvier 2025 par l’Inspecteur général pour la sûreté nucléaire et la radioprotection du Groupe EDF, l’amiral Jean CASABIANCA dans son rapport annuel 2024 au Président d’EDF sur la sûreté des réacteurs nucléaires, en raison des dérives des pratiques opérationnelles d’effacement des réacteurs nucléaires générées par l’arrivée sur le réseau RTE des
    Energies renouvelables électriques intermittentes éoliennes et photovoltaïques, françaises et européennes !

    L’éolien en mer n’a strictement aucune complémentarité avec le nucléaire et l’hydraulique, contrairement aux
    affirmations de certaines organisations, voire les handicape de façon structurelle en période de demande
    moyenne (surproduction et prix négatifs), et n’apporte aucune sécurité énergétique (météo) en période de forte
    demande (black-out « nearmiss » le 8 janvier 2025 au Royaume-Uni).

    L’éolien flottant ne sera mature au mieux qu’en 2040, si on règle effectivement et de façon économique les
    problèmes technologiques, sans solutions à ce jour, des sous-stations flottantes et des liaisons de raccordement,
    comme l’a rappelé RTE lors du webinaire de suivi de concertation « La Mer en débat » le 12 février 2025 ; le projet EOLE de St Nazaire est hautement risqué, tout comme le projet de liaison en mer GILA de RTE entre Gironde et Loire, car les débouchés ne sont pas assurés !

    Le coût direct de l’éolien en mer, et a fortiori, de l’éolien flottant, est le plus élevé de toutes les solutions
    énergétiques (hors hydrogène), et grève fortement en coût complet les finances publiques (Sous-
    stations/Raccordements /CSPE/TURPE,…) alors que l’intérêt public majeur français et européen est de maîtriser
    et réduire le coût de l’électricité. En France, le prix du kWh a doublé en 10 ans pour les particuliers, et triplé pour les industriels, en corrélation avec l’accroissement des installations d’EnR intermittentes…

    L’emploi pérenne se construira sur la base d’une évaluation, partagée par les territoires, de l’utilité économique, sociale et
    environnementale du système énergétique français : il s’agit de garantir le coût le plus bas pour les Français et leurs entreprises, de la réindustrialisation des territoires grâce à la géothermie, aux pompes à chaleur, aux biogaz et aux biocarburants et enfin d’une initiative, voire commande publique, pour déclencher les investissements industriels nécessaires.

    Il est urgent de changer de cap, d’imposer un moratoire sur l’éolien terrestre et en mer et l’agrivoltaïsme, d’utiliser le photovoltaïque de toiture en autoconsommation, et que chaque Euro public dépensé, surtout dans notre France endettée, le soit efficacement à moyen et long terme.

    Alain Doré, coordinateur DLM-RETM

  2. Baulois

    une Harley Davidson par éolienne , ça va faire bientôt une concession !

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