Le président du parti Les Républicains tente de calmer le jeu des divisions internes en écrivant un long texte aux militants. Il précise dans un entretien au Figaro refuser de participer à l’élargissement de la majorité. « Nous avons été élus dans une opposition à Emmanuel Macron » 

Chers amis et compagnons,

" Au milieu des incertitudes qui frappent notre parti comme notre pays, je tenais à m’adresser à vous car je sais que les choix qui ont été les nôtres à l’occasion de la réforme des retraites ont pu vous interroger ou nourrir des divisions. Il est de mon devoir d’y répondre avec franchise.

Le choix que j’ai assumé durant ce débat, partagé par notre bureau politique, ainsi que par la majorité de nos députés et la quasi-unanimité de nos sénateurs, est un choix de cohérence. Quelle image vous aurais-je donné de moi en adoptant une position contraire à celle que j’ai toujours défendue ?

La nécessité d’une réforme des retraites est un diagnostic unanimement partagé : elle était portée par tous les candidats à la présidence de notre parti et inscrite dans nos précédents projets présidentiels. Face aux évolutions démographiques que nous connaissons, et sans réforme, nous condamnons notre système par répartition à l’effondrement, et le montant de nos pensions à la dégringolade. Nous ne pouvions pas rompre le pacte de confiance avec nos retraités.

Dans la fidélité à la constance de mes engagements, j’ai assumé ce choix de responsabilité. Et nos parlementaires se sont inlassablement consacrés à l’amélioration de cette réforme nécessaire, obtenant la revalorisation des petites retraites, le contrat de fin de carrière, la bonification pour les mères de famille, la prise en compte des carrières longues et de la pénibilité, la clause de revoyure pour un meilleur suivi de la réforme, l’intégrité du système complémentaire Agirc-Arcco. Nous pouvons en être fiers !

Je peux comprendre cependant que certains aient voulu prioritairement s’opposer au président de la République, avec lequel nous avons tant de divergences. Mais je veux redire ici avec force que ce vote était un vote pour la Nation, non pas un vote pour Emmanuel Macron. La motion de censure portant sur l’adoption de la réforme et non sur la politique générale du gouvernement, il aurait été incohérent pour moi de la voter, et d’obtenir une éphémère victoire politique au détriment de la pérennité de nos retraites.

Si d’autres choix ont pu être faits au cours de ces débats, et si je les respecte, surtout lorsqu’ils sont sincères, je ne peux pas accepter que le poison de la division mette en péril notre avenir collectif. Personne ne se construira un destin personnel sur les ruines de notre famille politique.

Au-delà de ces divergences passagères, je sais que nous avons tous à cœur de répondre à la crise brutale qui s’est abattue sur la France. Mais nous devons veiller à ne pas souscrire à des solutions qui – en définitive – l’aggraverait. Si les colères qui se sont embrasées au milieu de notre peuple doivent être entendues, nous ne devons pas pour autant devenir les alliés des professionnels de l’émeute et de l’anarchie car ce n’est pas en ajoutant la chienlit au déclin que nous redresserons la France.

Je refuse toute compromission avec l’extrême-gauche qui jette le scandale dans l’hémicycle et la pagaille généralisée dans nos rues. Face au spectacle déplorable des permanences de nos élus vandalisées, des parlementaires menacés, des bâtiments publics dégradés, des centres-villes incendiés, et jusqu’aux scènes de quasi guerre civile de Sainte-Soline, nous devons demeurer fermes dans notre condamnation de ces partisans du chaos.

Cette explosion de la violence est intolérable et indigne d’un pays tel que le nôtre : elle abîme aussi bien notre pacte républicain et nos institutions démocratiques que l’image internationale de notre Nation. Le monde entier nous regarde avec effroi et consternation, et l’annulation de la visite d’État du roi Charles III est une humiliation pour la France.

Jamais je ne me rendrai complice de tant de confusion et de désordre en associant ma voix à celles de l’extrême-gauche. Nous n’abandonnerons pas la République aux incendiaires.

Nous nous connaissons depuis longtemps et vous savez que, comme vous, je suis fièrement de droite : passionnément de droite ! Et je continue de croire que notre famille politique a un rôle essentiel à jouer, car la France a besoin d’une politique de courage et de fermeté que nous sommes les seuls à porter. Les attaques que nous subissons nous rappellent d’ailleurs que nous sommes la seule voix alternative à l’affrontement actuel entre l’impuissance et l’irresponsabilité et au choc annoncé entre M. Mélenchon et Mme Le Pen.

Personne ne se cachera que notre parti traverse une période tumultueuse de son histoire et que les défis à relever sont nombreux, mais je sais que nous les relèverons ! Je sais que, riche de notre passé et de nos valeurs, nous avons les ressources pour nous retrouver, pour nous rassembler et pour nous refonder. Nous gardons le cap du renouveau : ce que d’aucuns pensent être une mission impossible est un devoir obligatoire. Nous le devons à nous-mêmes et à la France, dont nous avons écrit parmi les plus belles pages de son histoire.

Les États généraux de la droite – dont vous serez les acteurs – seront bientôt pour nous l’occasion de nous réinventer tout en réaffirmant notre identité. Avec l’intérêt national comme seule boussole, nous mènerons la révolution des idées. Nous ferons des Républicains le parti des idées nouvelles et d’une grande ambition nationale, capable de répondre aux révolutions du 21e siècle et aux enjeux qui seront ceux de la France de 2050.

Retrouvons confiance en nous-mêmes pour redonner, demain, confiance aux Français et pour permettre à la France de se redresser. En me présentant à vos suffrages, j’ai fait le serment de vous conduire à la victoire en 2027. Et je ne vous décevrai pas."

Éric Ciotti


Président des Républicains

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