A l’aube de la dernière session du Conseil régional, la gauche régionale dresse un long réquisitoire sur les faiblesses du bilan de la présidente Christelle Morançais  et de sa majorité de droite au Conseil régional.

Groupe socialiste région Pays de la Loire

La session qui se tiendra au Conseil régional des Pays de la Loire ce mercredi 31 mars 2021 ne dupera personne : moins de trois mois avant les élections régionales qui devraient se dérouler les 13 et 20 juin prochains, c’est bien une session de campagne qu’a préparée la majorité régionale autour de la Présidente qui continue de prétendre qu’elle n’est pas encore candidate à sa propre succession. 

Les mesures sur lesquelles l’assemblée régionale débattra à cette occasion illustrent très nettement un constat qui nous alarme, au groupe SERR, depuis plusieurs années et a fortiori depuis le début de la crise de la covid qui vient d’entrer dans sa deuxième année. Tout au long de cette mandature, la droite régionale, faute de construire, de proposer et d’offrir des perspectives d’avenir aux habitant.e.s des Pays de la Loire, a géré a minima, refusant de voir la réalité en face sur les urgences qui doivent nous mobiliser toutes et tous. Elle a mis son énergie à démanteler les acquis sociaux, écologiques et économiques des mandatures de Jacques Auxiette et à ne pas affronter les grandes transitions qui doivent être anticipées, comprises et accompagnées. 

Résultat : Christelle Morançais et sa majorité semblent aujourd’hui, à la faveur du printemps, se réveiller d’un long hibernage et tout juste commencer à prendre conscience de la nécessité d’agir pour mettre en oeuvre les transitions écologique, humaine et économique contre lesquelles nous ne pouvons plus reculer. 

Face à l’imminence de l’élection, cet exécutif semble paniquer et nous propose de délibérer dans une urgence qui n’est ni saine ni efficace. Durant cette session de rattrapage et d’enfumage, dans un sursaut électoraliste, elle se prête à un exercice profondément malhonnête qui consiste à promettre et adopter à la va-vite des mesures qu’elle a différées ou combattues pendant 5 ans, refusant systématiquement nos propositions, et surtout qu’elle n’aura pas le temps de mettre en oeuvre et qui n’auront donc rien de concret pour les habitant.e.s de notre région avant les élections régionales. 


Priorité à la communication sur l’action, dispersion et saupoudrage des interventions étaient des maux connus de l’action régionale. Christelle Morançais y rajoute le détournement de l’institution régionale pour mener campagne en multipliant les promesses démagogiques plutôt que de rester concentrée sur l’action face aux crises qui frappent cruellement les habitant.e.s des Pays de la Loire. 

Elle commet ainsi une double faute, en menant campagne par le biais de l’institution régionale. 

Le « Pacte régional de sécurité » lancé à l’occasion de cette session en est l’illustration la plus nette. En effet, une annonce aussi tardive n’a aucune chance de déboucher sur des décisions concrètes avant la fin du mandat. De plus, la taille de l’enveloppe – 3 millions d’euros au total et un plafonnement à 50 000 € par collectivité, soit le coût de deux ou trois caméras – démontre qu’il s’agit là d’une mesure démagogique, de pur affichage, totalement inefficace. 

Les exemples de ce type ne manquent pas dans les dossiers de cette session : mise en place d’une expérimentation sur la gratuité des protections périodiques dans les lycées, charte de la laïcité pour les associations sollicitant une subvention régionale, développement d’un réseau de points de vente et d’information de proximité dans les gares, tarification solidaire dans les transports en commun, acquisition de matériel ferroviaire roulant… Ces rapports comme tant d’autres ne sont que des pures promesses de campagne, en contradiction flagrante avec les actes de la majorité depuis le début du mandat. 

Christelle Morançais a perdu sa boussole et renoncé à toute cohérence. La situation de crise actuelle demande de la sérénité, de la cohérence, de la solidité. Or les signes donnés sont ceux de la panique et de l’affolement. Les actes posés lors de cette session ne sont ni rassurants sur la crédibilité de la majorité, ni sincères vis-à-vis des citoyen.ne.s. 

C’est notamment pourquoi nous interpellerons Christelle Morançais, lors de cette session, sur l’utilisation des moyens de communication de la Région en période de campagne électorale. En effet, l’usage que fait la majorité de l’institution et de ses moyens de communication – à l’image du numéro de mars du magazine régional mais aussi des déplacements que Christelle Morançais multiplie, sur le terrain, avec sa casquette de Présidente de Région – est manifestement contraire à la législation en vigueur. Nous souhaitons entendre ses explications quant à cette pratique qui met en danger l’institution et ses personnels en plus de mettre en cause la sincérité du scrutin qui se déroulera en juin. 


L’élection régionale de juin prochain semble avoir brouillé la perception de la Présidente de Région et de sa majorité quant aux priorités qui doivent être celles du Conseil régional. Cela fait plus d’un an que la crise de la covid nous frappe, et en premier lieu les plus fragiles et précaires d’entre nous. Hélas, le réveil tardif de la majorité ne lui a toujours pas ouvert les yeux sur cette réalité. 

Ainsi, elle persiste dans son unique mesure consistant à distribuer des ordinateurs à tous.tes les élèves qui entreront en 2nde ou en 1ère année de CAP à la rentrée prochaine, et oublie encore et toujours les autres élèves qui ont besoin d’un équipement informatique, ainsi que la question de l’accès à internet et de l’accompagnement pédagogique à la prise en main de ces outils, qui n’est toujours pas prévue. Ces mesures ne permettent pas de répondre à la question de la fracture numérique au lycée et les familles les plus modestes restent au bord du chemin. 

Une telle inaction est particulièrement regrettable au moment où l’évolution des protocoles sanitaires conduit à fermer de plus en plus de classes. Il est nécessaire d’anticiper le probable retour massif au lycée à distance. 


Le schéma régional des mobilités est une autre illustration d’une action qui n’est pas au rendez-vous des besoins concrets des Ligérien.ne.s : en ne prévoyant pas de trains supplémentaires en heures de pointe, la majorité ignore la réponse aux priorités en matière de déplacement, à savoir les trajets domicile-travail des usager.e.s quotidiens, les salarié.e.s et les jeunes en formation principalement. Mettre des trains en heures creuses n’est pas inutile, mais cela ne répond pas aux enjeux de la transition écologique. 

Pour ce qui concerne le matériel roulant, la droite régionale propose de faire exactement le contraire de l’action menée depuis 5 ans : pendant cette mandature elle a vendu des rames TER à la Région Centre et n’a lancé aucune nouvelle acquisition ; elle dit maintenant vouloir en acheter massivement. 

Depuis 3 ans, les citoyen.ne.s et les usager.e.s protestent contre la suppression des guichets en gare, que la Région a validée en signant la convention avec la SNCF qui la planifiait. Désormais, elle prétend créer un réseau de distribution de proximité.


La Région daigne – enfin – ouvrir la porte à la gratuité des protections périodiques dans les lycées des Pays de la Loire, alors que nous le lui avons demandé voilà plus d’un an, au démarrage de la crise, et prétend que la précarité menstruelle est un phénomène nouveau ! L’exécutif est désormais contraint de lancer une expérimentation ; s’il nous avait écouté.e.s à temps, la distribution serait déjà généralisée depuis la rentrée 2020. 

Si la majorité n’avait pas supprimé le Conseil régional des jeunes dès sa prise de fonctions, si elle avait choisi de donner réellement la parole aux personnes concernées, cette mesure existerait depuis encore plus longtemps, de façon optimale, et serait étendue aux CAP et aux instituts de formation en soins infirmiers, ce qui n’est pas prévu par la mesure. 

Nous lui rappellerons également qu’en supprimant du pacte éducatif régional les questions de prévention en santé sexuelle, de contraception et d’IVG et de connaissance des IST, elle a commis une faute qu’il est urgent de réparer ; c’est pourquoi nous déposerons un amendement afin de rétablir cette priorité parmi celles énoncées dans la mise en oeuvre opérationnelle du pacte éducatif. 


Sur tous ces sujets comme sur beaucoup d’autres, cette session est symptomatique d’une Région qui semble avoir passé 5 années à procrastiner et prend conscience, 3 mois avant la fin, qu’elle aurait pu et dû agir différemment au service des Ligérien.ne.s. Mais force est de constater qu’il est bien tard. 

Il est bien tard pour proposer le rétablissement des aides au maintien en agriculture biologique, supprimées en 2018 et qui ont fait prendre un retard considérable au secteur du bio en Pays de la Loire.

Il est bien tard pour appliquer la gratuité des protections périodiques en en faisant une mesure improvisée, qui ne concernera dans un premier temps que 13 établissements et qui n’atteindra pas sa cible. Bien tard, car les jeunes filles et les femmes n’ont pas attendu que la Région se réveille pour souffrir concrètement de la précarité menstruelle : ce phénomène est loin d’être nouveau. 

Il est bien tard pour lancer un schéma régional des mobilités qui est censé dessiner une trajectoire pour les transports sur une mandature et qui ne sera donc pas appliqué avant les élections. Bien tard, aussi, pour rétablir des guichets dans les gares alors que cette majorité en a supprimé à tour de bras, bien tard pour lancer une réflexion de fond sur le vélo en Pays de la Loire. 

Il est également bien tard pour élaborer des mesures de lutte contre le gaspillage alimentaire alors que là encore, le phénomène est déjà ancien, a été traité par le Parlement via une loi promulguée en février 2020 et que les besoins ont été profondément amplifiés par la crise sanitaire, qui dure maintenant depuis plus d’un an. 

Enfin, il est bien trop tard pour revenir sur les impasses et les retards accumulés depuis 5 ans, ou réparer la casse systématique des avancées permises sous la précédente majorité. Cette session d’enfumage et de rattrapage masque mal la fébrilité de cette droite qui n’a pas plus de projet ni de vision pour l’avenir des Pays de la Loire aujourd’hui qu’elle n’en avait en 2015. 

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