PARIS (Reuters) – Les appels à battre le Rassemblement national (RN) se sont multipliés dès l’annonce, dimanche soir, de la victoire de la formation d’extrême-droite au premier tour des élections législatives en France, augurant d’un second « round » extrêmement incertain dimanche prochain.
D’après les estimations, le RN ressort en tête avec 33,2% à 33,5% des suffrages, devançant le Nouveau Front populaire (NFP), crédité de 28,1% à 29,1%, la liste présidentielle Ensemble (21% à 22,1%) et les Républicains (LR) (10%).
Mais le scrutin a été aussi marqué par une très forte mobilisation et un nombre élevé de « triangulaires » – trois candidats qui s’affronteront au second tour le 7 juillet. Selon les sondeurs Ipsos et Elabe, le nombre de circonscriptions qui pourraient être concernées est estimé respectivement entre 285 à 315 et entre 290 à 320.
Très vite, la bataille des désistements a donc été lancée. Dans le camp du NFP, le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a indiqué peu après l’annonce des premiers résultats que l’alliance de gauche retirerait au second tour ses candidats parvenus en troisième position là où le RN est arrivé en tête.
« Nulle part nous ne permettrons au RN de l’emporter », a-t-il déclaré.
Du côté de la majorité sortante, il aura fallu attendre un communiqué officiel, puis une déclaration de Gabriel Attal, pour annoncer une stratégie identique de désistement.
« C’est un choix important, c’est un choix lourd, parce que c’est le choix de la responsabilité et, je le crois profondément, le choix de l’honneur », a dit dimanche soir le Premier ministre depuis le perron de l’Hôtel de Matignon.
« L’enjeu de ce second tour, c’est de priver l’extrême-droite d’une majorité absolue en construisant une Assemblée où nous pèserons suffisamment pour bâtir entre forces républicaines des majorités de projets et d’idées », a-t-il ajouté.
En geste de rassemblement, son entourage a indiqué dans la foulée que le chef du gouvernement avait décidé de suspendre la mise en oeuvre de la réforme de l’assurance-chômage, dont la parution du décret était prévue ce lundi.
Le président Emmanuel Macron a également plaidé, dans une déclaration écrite, pour « un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour ». D’après plusieurs médias, le chef de l’Etat devrait tenir une réunion stratégique à l’Elysée dans le courant de la journée.
Les candidats qualifiés ont jusqu’à mardi pour décider de se maintenir ou de se désister.
VERS UNE COHABITATION ?
Fort de sa victoire, le RN s’est félicité d’une « marque de confiance » des Français, selon les mots de sa cheffe de file Marine Le Pen, réélue dès le premier tour dans sa circonscription de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).
De son côté, le président du parti, Jordan Bardella, s’est présenté dès dimanche soir comme un « Premier ministre de cohabitation », appelant de nouveau les Français à donner à sa formation une majorité absolue au second tour.
Il a prévenu lors de la campagne électorale qu’il n’accepterait d’aller à Matignon que si son parti obtenait la majorité absolue, fixée à 289 sièges, à l’Assemblée nationale.
Pour l’heure, les sondages évaluent le nombre de sièges du RN à l’issue du second tour entre 250 et 300, mais ces estimations ne prennent pas en compte les stratégies électorales qui seront menées d’ici-là pour faire barrage au parti.
Une arrivée au pouvoir de l’extrême-droite serait inédite dans l’histoire de la Ve République et marquerait une première cohabitation depuis celle entre Lionel Jospin et Jacques Chirac entre 1997 et 2002.