Cette interrogation se fait de plus en plus présente. Certes le problème entre Israéliens et Palestiniens est bien antérieur à cela puisqu’il est né en même temps que l’état d’Israël en 1948. Avant cette date, c’est le problème du mandat britannique consécutif à la fin de l’Empire Ottoman qui opposait les tenants du futur Israël aux Anglais.

On pouvait penser que les « accords d’Abraham », qui contenaient implicitement la création d’un État palestinien, allaient ouvrir une période de calme relatif dans la région.


Ce qui frappe, hormis l’horreur indicible et la sauvagerie quasi-inhumaine de ces attaques barbares, c’est leur soudaineté. Dans un article précédent, j’avais fait part de mes interrogations sur l’inefficacité apparente des services en charge de la prévention de tels évènements.

Depuis, les choses semblent se confirmer et cette inefficacité pose de plus en plus de questions.

Cependant, il n'est pas interdit d'analyser la situation géopolitique et notamment ses récents développements afin de voir si un ou plusieurs événements récents particuliers auraient pu être à l'origine ou du moins favoriser ces exactions.


Une date importante apparait rapidement : celle du 24 août 2023, clôture de la réunion des BRICS qui vont être portés à onze à partir de janvier 2024.

Dans les six pays impétrants, quatre peuvent être impliqués à des degrés divers de par leur proximité ou les actions diplomatiques engagées dans les évènements ou leurs conséquences.

Pour mémoire, il s'agit de l'Iran, de l'Arabie saoudite, des Émirats et de l’Égypte.

Les accords d'Abraham entre Israël et les Émirats d'une part, et Bahreïn d'autre part, témoignent d'un infléchissement sensible de la position des pays du golfe persique vers un rapprochement interne. Divisés par la scission entre les émirats sunnites et l'Iran chiite, ce qui affaiblissait les Palestiniens, ces accords devaient servir à réduire ces divisions.

Après leur signature, une sorte de consensus international penchait en faveur de la création d'un État palestinien, auquel Israël s'est toujours opposé.

L'admission prochaine simultanée de l'Iran, des Émirats et de l'Arabie saoudite dans le cercle des BRICS risque de modifier le rapport des forces et le faire pencher du côté de la création de cet État palestinien. Un article récent du site de CryptoDNS indique même que la Palestine serait elle-même tentée de rejoindre les BRICS.

Or, les BRICS sont la partie émergée du chantier de construction d'un monde multipolaire. Même si leur existence internationale n'est pas formalisée, leur montée en puissance est incontestable. Cette existence informelle leur est bénéfique, car elle permet d'agglomérer des pays auxquels il suffit d'avoir un seul intérêt en commun avec les autres, même si d'autres sujets peuvent les diviser. Petit à petit, les BRICS prennent l'apparence d'une future organisation internationale qui pourrait peut-être admettre dans son sein non seulement des Etats reconnus comme tels, mais également des « proto-Etats » comme la « bande de Gaza » actuelle. C'est probablement la raison pour laquelle la Palestine s'est déclarée le 10 août 2023 officiellement candidate.

Quelle que soit la géographie de ce futur État, la « bande de Gaza » en ferait évidemment partie. Et cela changerait tout.


L'ONU n'a pas osé trancher ce sujet. La Palestine en est membre depuis 2012 en tant « qu'observateur non-membre ». Elle est reconnue en tant qu’État par 136 pays.

Il faut noter qu'on peut quasiment (à quelques exceptions près) superposer ces votes avec ceux occasionnés dans d'autres circonstances lorsqu'il est question de voir qui soutient l'Occident dirigé par les États-Unis et qui ne le soutient pas, confirmant ainsi au fil du temps un clivage de plus en plus profond entre  cet Occident et le reste du monde.


De même que la position de la Palestine était un enjeu central de la 1re guerre mondiale en raison de sa position stratégique essentielle pour les Anglais, car elle était à la fois un verrou de la route des Indes et de la route du pétrole. Les gisements énormes du sud de la Mésopotamie et du golfe persique récemment découvert et l'emploi qui pouvait être fait, grâce à l'invention d'un ingénieur français, d'un produit de distillation jusqu'alors considéré comme un déchet difficile et coûteux à stocker appelé l'essence avait donné au pétrole une valeur inestimable. Son commerce allait devenir une priorité pour l'Angleterre dont le règne sans partage sur les mers du monde devenait finissant.

Les accords Sikes-Picot passés entre l'Angleterre et la France en 1916 ont permis aux Britanniques d'obtenir le mandat sur la Palestine, et c'est à ce titre que le gouvernement anglais a autorisé la création d'un « foyer juif » en Palestine.

En 1948, ce foyer initial est devenu un État à part entière, et à contrecœur, les Anglais ont dû renoncer à leur mandat, sous la pression de l'opinion publique occidentale.

Durant la « guerre froide », Israël était considéré comme « base avancée » de l'Occident au milieu de pays arabes qui avaient établi des liens avec l'URSS, lui conservant cette position « charnière »


Les contours du futur état d'Israël avaient été négociés avec âpreté jusqu'au 14 mai 1948, date officielle de la création de l'état d 'Israël, situé entièrement à l'intérieur de la Palestine. Le tracé présentait de nombreuses difficultés qui pouvaient compromettre la sécurité d'Israël et reléguait les habitants de la Palestine dans un territoire sans statut réel. Dès 1947, les dirigeants sionistes avaient accepté le principe de deux états en Palestine, mais les chefs arabes l'avaient refusé, provoquant un conflit entre Arabes et Juifs.

Malgré des décennies, entrecoupées de combats et de négociations, aucun accord n'a pu réellement déboucher.


Le massacre du 07 octobre a fait l'objet d'une réprobation unanime autour de la planète. Cependant, certaines de ces réactions étaient plus « nuancées ». Deux camps sont clairement apparus, mettant en lumière le clivage de plus en plus visible entre l'Occident et ce qui est appelé « les pays du Sud ».

Au travers de cette partition, le problème de l'état palestinien revient au premier plan.

Que peut-il se passer au cas où les BRICS donneraient suite à la demande du 10 août 2023 en acceptant dans leurs rangs un état palestinien ?

Un tel scénario deviendrait difficilement supportable pour Israël qui s'y opposerait de toutes ses forces et par tous les moyens. Tout le monde (ou presque), s'accorde à dire que la partition entre deux états est la seule solution pour revenir à la paix entre les israéliens et les arabes mais le bouleversement géopolitique en cours peut conduire à un changement de paradigme.

Les attaques sauvages menées par le Hamas contre la population israélienne sont elles la conséquence de ce bouleversement ?

La question mérite d'être posée compte tenu du contexte actuel, sans pour autant qu'il y ait une réponse évidente. Cependant, une conséquence apparaît de plus en plus clairement : la riposte de Tsahal va être meurtrière. Que restera-t-il de la bande de Gaza et du Hamas à la fin des opérations militaires ? La création d'un véritable état palestinien sera-t-elle encore possible et restera-t-il suffisamment d'habitants pour le faire ?

A toutes ces questions, il est difficile de répondre avec certitude. Espérons simplement que la folie meurtrière des hommes fasse place au simple bon sens, faute de quoi de surenchère en surenchère, de riposte en riposte, l'Humanité finit par s'engloutir toute entière dans une confrontation destructrice faute de ne pas avoir trouvé le moyen de s'arrêter à temps.

*Monde multipolaire 

*Les BRICS

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