Le procès de 9 prévenus inculpés d’importation, de détention, de transport et d’exportation d’ivoire d’éléphants et de corne de rhinocéros en bande organisée s’ouvre ce 6 septembre 2021 devant le tribunal correctionnel de Rennes. Le procès est suivi par l’association Robin des Bois partie civile.

Trois prévenus sont en fuite et un mandat d’arrêt a été émis à leur encontre. L’enquête a aussi abouti à la découverte inédite sur le sol français de deux ateliers de transformation d’ivoire brut et de corne de rhinocéros. Les 9 prévenus sont d’origines irlandaise et anglaise, vietnamienne et chinoise. Ils déclarent être brocanteurs, antiquaires, employés dans le BTP, dirigeant d’une société d’import-export, cuisinier, informaticien ou sans emploi.

Les faits remontent notamment à la nuit du 10 au 11 septembre 2015 quand les douanes de Poitiers contrôlent les trois passagers d’une BMW sur la Nationale 10 et trouvent à l’intérieur du véhicule 4 défenses d’éléphants sans aucun document justifiant de leur légalité, sans élément tangible de traçabilité ainsi que 32.800 € en espèces. Les individus sont connus pour être des membres des Rathkeale Rovers, un clan d’Irlande se livrant à la délinquance itinérante dans l’Union Européenne, au Royaume-Uni et aux USA.

Le 25 mai 2016, les enquêteurs du SNDJ (Service National de Douane Judiciaire) saisissent en Seine-Saint-Denis dans l’entrepôt exploité par un des prévenus 14 défenses d’ivoire brut d’origine africaine et 2 défenses ouvragées dépourvues de tout document justifiant leur origine légale et d’un poids total de 212 kg.

Le 15 novembre 2016, dans une chambre de l’hôtel B&B de Creil, deux frères d’origine irlandaise et anglaise sont interceptés avec une corne de rhinocéros d’un poids exceptionnel (14,7 kg) démunie de tout document justifiant de son origine légale. La saisie a lieu à proximité du « Dragon de Saint-Maximin », un restaurant chinois dont le gérant fait partie des prévenus.

L’enquête a montré que plusieurs salles des ventes à Cannes, à Toulouse, au Puy ont facilité l’exportation des défenses d’éléphants au Vietnam en facturant avec une adresse au Vietnam des défenses brutes censées ne pas pouvoir quitter légalement l’Union Européenne.

Dans le cadre de l’enquête, 32 défenses d’ivoire brut et 11 défenses travaillées ont notamment été saisies. Certaines proviennent d’éléphanteaux et des ivoires sont récents, postérieurs aux années 1990 et 2000.

Au moment des faits, la valeur du kilo d’ivoire au détail sur le marché asiatique était autour de 5000 US$ par kilo et la corne de rhinocéros se négociait au détail 1000 US$ le gramme.

Avant la contrebande, ses marchandages et ses filouteries, il y a le braconnage avec ses cruautés. Le trafic faunique contribue également à déstructurer et à appauvrir les écosystèmes, il encourage la spéculation sur l’ivoire d’éléphant et les cornes de rhinocéros et il stimule de ce fait le braconnage. Robin des Bois publie depuis 2013 « A la Trace » (1), le bulletin trimestriel de la défaunation relatant les actions de braconnage et de contrebande d’animaux menacés d’extinction dans le monde entier. « A la Trace » analyse régulièrement les filières de contrebande d’ivoire d’éléphant et de cornes de rhinocéros depuis l’Europe, les saisies en France sur des ressortissants vietnamiens et chinois, les saisies au Vietnam et en Chine d’ivoire et de cornes en provenance de France ainsi que les agissements des Rathkeale Rovers.

Au moment de la notification de l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, le 5 juin 2020, seule l’association Robin des Bois s’était constituée partie civile.

Selon le Code des douanes, le Code de l’environnement et le Code pénal, les prévenus sont passibles de 3 à 10 ans d’emprisonnement et d’amendes de 75.000 à 750.000 € pouvant aller jusqu’à 10 fois la valeur sur le marché intérieur des objets saisis. Les audiences se dérouleront jusqu’au 8 septembre 2021.

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