Il est difficile de comprendre pour quoi cette réforme des retraites revêt une telle urgence aux yeux de nos gouvernants. Certains ont même été jusqu’à parler de la faillite si cette loi n’était pas promulguée. A les entendre, la mise en application de cette loi (dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle est contestée) peut seule sauver notre pays d’une faillite économique.

Pourtant, le péril est loin d’être immédiat. Le système est aujourd’hui plus ou moins à l’équilibre et, compte-tenu de l’immensité de la dette créée depuis le COVID, ce n’est pas quelques milliards de plus ou de moins qui changer la donne.

Alors, pourquoi vouloir faire passer en force un texte auquel les deux-tiers des Français s’opposent ? Avec son expérience qui était la sienne, François Mitterrand, constatant l’ampleur des mouvements populaires qui défilaient dans les rues en s’opposant au projet relatif à l’enseignement libre, avait prudemment reculé, bien que cette réforme fut une promesse de campagne.

Quelques années plus tard, en 2006, le projet de contrat de première embauche est retiré alors même que la loi avait été votée, Jacques Chirac ayant choisi de ne pas s’opposer à la rue, dans laquelle plus d’un million de personnes avaient défilé.

Visiblement, Emmanuel Macron et le gouvernement ne veulent pas céder, surtout sur l’augmentation de l’âge de départ qui passerait de 62 à 64 ans, avec un certain étalement dans le temps. Il y a là un point de fixation qui peut laisser penser à une volonté d’entretenir et de prolonger ce mouvement de contestation. Est-ce dans le but de cristalliser les mécontentements en les focalisant sur un point précis ? On pourrait le penser car tous les autres sujets, et notamment tout ce qui tournait autour du COVID, ont été évacués. Cela ressemble à une méthode de communication consistant à imposer les sujets à discuter pour que les autres ne soient pas évoqués.

Ce pouvoir « saturant » peut se révéler fort utile, particulièrement lorsque on n’a pas trop envie de voir émerger d’autres sujets.

Il y aurait alors comme un « vague cousinage » avec ce qui est appelé par les marins la technique du « rideau de fumée »

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